La quasi-totalité des championnes du monde espagnoles ont estimé, vendredi 15 septembre dans un communiqué, que les changements effectués à la tête de la fédération après le scandale du baiser forcé n’étaient « pas suffisants » pour les amener à revenir en sélection.
« Les changements qui ont eu lieu ne sont pas suffisants pour que les joueuses se sentent dans un endroit sûr, où on respecte les femmes, où on parie sur le football féminin et où nous pouvons donner le meilleur de nous-mêmes », écrivent 21 des 23 championnes du monde dans un communiqué, diffusé notamment par la détentrice du Ballon d’or féminin, Alexia Putellas.
« Ce qui nous rend le plus fières est de porter le maillot de notre sélection », mais « nous pensons que le moment est venu de lutter pour montrer que ces pratiques n’ont pas leur place dans notre football et dans notre société » et « que la structure actuelle a besoin de changement », ajoutent-elles dans ce texte, signé par 39 joueuses au total. « Nous le faisons pour que les générations futures puissent connaître un football beaucoup plus égalitaire et à la hauteur de ce que nous méritons », expliquent-elles encore.
Dans le détail, les joueuses de la Roja exigent notamment la « restructuration de l’organigramme du football féminin » et « du cabinet de la présidence et du secrétariat général » ainsi que « la démission du président » intérimaire de la fédération (RFEF), Pedro Rocha Junco. « Les changements demandés à la RFEF sont fondés sur la tolérance zéro à l’égard des personnes qui, au sein de la RFEF, ont eu, incité, caché ou applaudi des attitudes qui vont à l’encontre de la dignité des femmes », insistent-elles.
Eclipsant en partie le sacre mondial de la Roja féminine à Sydney le 20 août, le baiser forcé du président de la fédération, Luis Rubiales, à la numéro 10, Jennifer Hermoso, lors de la remise des médailles, a plongé le football espagnol dans le chaos et déclenché une vague d’indignation nationale – jusqu’au plus haut niveau de l’Etat – et internationale.
Plainte de Jenni Hermoso
L’annonce des championnes du monde a lieu alors que la fédération avait convoqué la presse à 16 heures pour la présentation par la nouvelle sélectionneuse, Montse Tomé, de sa liste de joueuses pour les matchs de Ligue des nations des 22 et 26 septembre. Dans ce contexte, la fédération a annoncé repousser sine die l’annonce de cette liste.
Les instances du foot espagnol avaient pourtant affiché leur optimisme lors des derniers jours quant à un retour des championnes du monde, en mettant en avant la démission dimanche de Luis Rubiales, 46 ans, et le limogeage, la semaine dernière, du sélectionneur de l’équipe féminine, Jorge Vilda, proche de Rubiales et dont les méthodes étaient contestées.
Refusant dans un premier temps de démissionner pour « un petit bisou consenti », Luis Rubiales avait attaqué, lors d’un discours retentissant, le 25 août, un supposé « faux féminisme » et argué qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser. Une version démentie par Jenni Hermoso, qui avait dit s’être « sentie vulnérable et victime (…) d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de [sa] part ». La joueuse a porté plainte le 6 septembre.
Depuis une récente réforme du code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle. Les peines encourues vont de l’amende jusqu’à quatre ans de prison.
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Poursuivi pour « agression sexuelle » à la suite de la plainte de Jenni Hermoso, l’ancien patron du football espagnol a répondu vendredi pour la première fois de ces accusations devant un juge. A l’issue de l’audience, qui s’est tenue à huis clos, le magistrat chargé de l’enquête, Francisco de Jorge, a interdit à Luis Rubiales de s’approcher à moins de 200 mètres de Jenni Hermoso et d’entrer en contact avec l’attaquante.
Venu et reparti à pied, en compagnie de son avocate, il n’a fait aucune déclaration aux dizaines de journalistes présents. Selon une source proche du parquet, il a nié les accusations devant le juge, lors d’une audience à huis clos, et réitéré que ce baiser était consenti. L’avocate de la joueuse a de son côté répété devant le tribunal que ce « baiser n’était pas consenti » et s’est félicitée que, « grâce à cette vidéo, tout le monde, tout le pays, a pu constater qu’il n’y avait eu consentement d’aucune manière ».
Le magistrat en charge de l’affaire devra décider à l’issue de son instruction de renvoyer ou non Luis Rubiales devant la justice.
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