Dimanche 24 septembre, Anaïs Quemener prendra le départ du marathon de Berlin. L’athlète de 32 ans a un objectif : avaler en « moins de deux heures et trente minutes » les 42,195 km du tracé plat, roulant et protégé du vent, sillonnant les rues de la capitale allemande. Il n’y a pas si longtemps, pourtant, elle a dû mener une autre course, « celle de [s]a survie ».
En 2014, à 23 ans, la jeune femme sent « un truc bizarre » au sein gauche. Elle se rend chez son gynécologue, qui au terme de la consultation l’invite à revenir dans huit mois. Un an plus tard, le diagnostic tombe : « Le radiologue se rend compte que ce n’est pas un kyste mais un cancer bien avancé, de stade 3 sur 4 [présence d’une tumeur ayant envahi les muscles de la paroi thoracique ou de la peau], avec présence de métastases ganglionnaires », se rappelle l’intéressée.
La jeune femme est alors un tournant de sa carrière. « Au moment où on me l’apprend, le sport passe en priorité », explique-t-elle. Elle annonce à son oncologue qu’elle doit se préparer pour les championnats de France d’athlétisme en fin de saison. « Il est tombé des nues, assure Anaïs Quemener, dont le sourire communicatif reste accroché aux lèvres. J’ai fait un déni de la maladie. Je ne savais pas ce qu’on allait m’annoncer mais ça ne sentait pas très bon. »
« La revanche était d’autant plus belle »
Après la chirurgie, le traitement repose sur une hormonothérapie associée à une chimiothérapie. Malgré ses réticences, la sportive ne peut y échapper. Pour un temps, la course à pied doit passer au second rang. Cofondatrice avec son père – et entraîneur personnel – du club d’athlétisme la Meute Running à Mitry-Mory (Seine-et-Marne), aide-soignante le soir à l’hôpital Jean-Verdier à Bondy (Seine-Saint-Denis), elle adapte son emploi du temps et réduit ses charges d’entraînement. « Je l’incitais à courir sur piste, de sorte à avoir toujours un œil sur elle, en cas de malaise », se souvient son père, Jean-Yves.
Mais pour Anaïs Quemener, qui a commencé à arpenter les pistes à 7 ans, « faire du sport était une réelle thérapie » : « Je m’accordais une heure durant laquelle j’étais dehors et je faisais du sport. J’étais avec mon club, je voyais mes copains. Le moment où je sortais me permettait de me vider la tête. » Faute de défenses immunitaires suffisantes, elle est contrainte de quitter le milieu hospitalier et redoute les moments de solitude, seule chez elle sur son canapé. « Je voulais simplement être perçue comme une personne normale », insiste-t-elle.
Perte de cheveux, fonte de sa musculature, fatigue chronique. La fondeuse, hyperactive et gouailleuse aux entraînements, prend son mal en patience. Pendant huit mois, elle enchaîne les cures de chimiothérapie, espacées de vingt-et-un jours, et les transfusions sanguines. En février 2016, Anaïs Quemener obtient une dérogation pour reprendre les compétitions. Quelques mois plus tard, elle devient championne de France de marathon : « Quand j’étais dans le dur, je repensais à tous ces moments difficiles. Ça signifiait que j’étais revenue à mon ancien niveau, la revanche était d’autant plus belle. »
Sur sa page Instagram, celle qui se rêve socio-esthéticienne – pour apporter une aide aux personnes fragilisées par une atteinte à leur intégrité physique – incite les femmes à se faire dépister avant 45 ans, pour éviter des retards de diagnostic souvent préjudiciables. « Je partage mon expérience et j’encourage ces femmes à faire du sport en fonction de leurs capacités. Je reçois des messages de personnes qui trouvent mon histoire inspirante, mais je ne me rends pas forcément compte de ce statut. »
En 2022, elle remporte un deuxième titre national à Deauville (Calvados). En avril de cette année, elle termine meilleure Française du marathon de Paris, en 2 h 32 min 12 s, battant son record personnel de plus de cinq minutes (elle est 12e au général). Dimanche matin, Anaïs Quemener disputera le 15e marathon de sa carrière. Si elle réussit l’objectif qu’elle s’est fixé, elle pourra voir les portes de l’équipe de France s’ouvrir. Un rêve à moins d’un an des Jeux olympiques de Paris 2024. Même si, glisse-t-elle, l’essentiel est ailleurs : « Je veux juste continuer de courir. »
Más historias
El Barbastro acentuó la crisis en Almería | Fútbol | Deportar
Ronald Araujo llega ante el Girona: juega con la rotación de la mandíbula | Fútbol | Deportar
Bayern Múnich carga contra Bryan Zaragoza | Fútbol | Deportar