En été, Sugadaira est un îlot de fraîcheur. Perchée dans les montagnes du département japonais de Nagano, la station de ski se mue aux beaux jours en un vaste camp d’entraînement où près de 800 clubs de rugby des lycées et universités fuient l’éprouvante chaleur humide des plaines. Ils profitent des 108 terrains aménagés depuis les années 1920 sur des rizières en jachère et impeccablement entretenus.
Les amateurs de rugby s’y rendent nombreux pour deviser sur le talent des jeunes joueurs, futurs cadres des équipes du championnat national, la League One, voire de l’équipe du Japon. L’actuel demi de mêlée du XV nippon, Naoto Saito, ancien de la prestigieuse université Waseda, est passé par Sugadaira.
La popularité de la station reflète celle du rugby universitaire nippon, qui apparaît pourtant aujourd’hui comme un maillon faible d’un rugby japonais en pleins doutes à l’approche de la Coupe du monde en France (du 8 septembre au 18 octobre). Les Brave Blossoms entrent en lice, dimanche 10 septembre, contre le Chili, avant d’affronter l’Angleterre, les Samoa et l’Argentine. Quatre ans après un quart de finale, à domicile, contre l’Afrique du Sud – qui a permis au Japon d’intégrer en mai 2023 l’élite des nations du rugby –, ils ont perdu quatre des cinq matchs de préparation. Leur unique victoire, arrachée au prix d’un sauvetage à la dernière minute de l’ailier Kotaro Matsushima, remonte au mois de juillet contre les Tonga.
Des équipes qui s’en remettent aux stars étrangères
Lors de cette préparation, les Japonais ont affiché un déficit de créativité ainsi que des joueurs trop respectueux des cadres fixés – comme l’ouvreur Rikiya Matsuda – ou ayant perdu leur vista. Et l’équipe apparaît moins puissante et moins compétitive. « Nos joueurs manquent de confrontation internationale, de participation à des championnats physiques, de très haut niveau », regrettait le sélectionneur, Jamie Joseph, début août après une défaite face aux Fidji. L’entraîneur néo-zélandais pointait la différence avec les Fidjiens qui évoluent depuis des années au niveau le plus exigeant, en Europe ou en Océanie.
Depuis « leur » Coupe du monde, le XV nippon a pâti de la pandémie de coronavirus qui lui a interdit tout match international pendant près de deux ans. La suppression en 2019 de l’équipe des Sunwolves – créée pour jouer en Super Rugby avec les équipes de l’hémisphère Sud mais peu soutenue par une fédération au fonctionnement conservateur – a réduit les chances des joueurs de se frotter aux meilleurs.
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