octubre 5, 2024

Dans le Vercors, l’escalade en toute liberté menacée par un nouveau règlement

« Grimpez où vous voulez, portez vos casques et faites-vous plaisir. » Après le briefing de sécurité, Benjamin Ribeyre, guide de haute montagne a donné le signal de départ de l’un des ateliers qu’il encadrait pendant Camp 4 Vercors. La neuvième édition du festival d’escalade a réuni 450 participants sur son camp de base à Pont-en-Royans (Isère) du 22 au 26 août.

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Rassemblés sur le secteur de Dalarhum, à Presles – impressionnante falaise longue de 7 kilomètres, monument national de la grande voie (escalade de plusieurs longueurs) – Antoine, Zoë, Chris et quelques autres jeunes, ont découvert l’escalade sur coinceurs, consistant à progresser sur une falaise en plaçant soi-même ses protections.

Il y a encore quelques semaines, ils n’auraient peut-être pas eu l’occasion d’éprouver cette liberté ultime de choisir soi-même son cheminement sur la paroi. Depuis février et jusqu’à la fin mai, un quart des falaises de Presles était fermées. Laurent Garnier, le tout-puissant propriétaire des terrains avait piqué une grosse colère à la suite de la décision, prise en 2020, de la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) de mettre fin aux conventions d’usage des sites d’escalade – ce qui signifie concrètement que la responsabilité est désormais transférée aux propriétaires des falaises. La procédure a pris deux ans.

« Après des années à travailler main dans la main avec la fédération, j’apprends par voie de presse qu’on me laisse gérer les risques de dizaines de milliers de personnes qui viennent chez moi ! Ça pose problème », s’agace le gérant de la grotte de Choranche.

Une question de survie

Sur environ 3 000 sites naturels en France, 1 100 conventions ont été transférées entre 2020 et 2022. A l’origine de ce changement de régime, il y a un procès intenté à la FFME. Un guide de haute montagne et sa cliente, victimes d’un accident en 2010 provoqué par la chute d’un rocher s’étant détaché de la paroi sur le site conventionné de Vingrau (Pyrénées-Orientales), ont obtenu 1,62 million euros de dommages et intérêts en 2020.

« Nous avons été contraints d’agir ainsi sous peine de devenir une fédération sportive inassurable et d’abandonner nos 115 000 licenciés », se justifie le président de la FFME, Alain Carrière pour qui c’était une question de survie. En 2020, les dépenses d’indemnisations et les provisions passées avec l’assureur de la fédération s’élevaient, pour les dix dernières années, à 8,3 millions d’euros, soit près de 5 millions d’euros de plus que les primes collectées auprès des licenciés sur la même période, précise un communiqué.

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