octubre 5, 2024

le retrait de Canal+ renforce l’incertitude autour des droits télévisuels du foot

L’annonce a jeté un froid. Pour la première fois depuis son lancement en 1984, Canal+ pourrait ne pas participer à l’appel d’offres des droits télévisuels de la Ligue 1. Le président du Groupe Canal+, Maxime Saada, l’a fait savoir par une missive de deux pages adressée lundi 25 septembre au président de la Ligue de football professionnelle, Vincent Labrune − et que le quotidien sportif L’Equipe a publiée.

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« Les conditions ne sont aujourd’hui pas réunies pour que le Groupe Canal+ dépose une offre les 16 et 17 octobre », date limite fixée par la Ligue française pour candidater à l’appel d’offres des droits du championnat français de football pour la période 2024-2029.

M. Saada critique notamment « le choix inédit d’un prix fixe et si élevé », car la Ligue, espérant obtenir 1 milliard d’euros par an, dont 800 millions pour la France, a imposé un minimum de 530 millions d’euros pour le lot contenant les trois meilleurs matchs et 270 millions pour les six autres.

Tensions récurrentes

Pour M. Saada, les conditions de l’appel d’offres et son calendrier, « tardif », ont pour but « d’en écarter Canal+ et de favoriser Amazon » (dont la filiale, Prime Video, est l’actuel principal diffuseur de la Ligue 1, avec sept matchs sur neuf). Maxime Saada va jusqu’à accuser la LFP de viser l’échec volontairement afin de se « libérer de la contrainte juridique d’un appel à candidatures » et « de pouvoir négocier une nouvelle fois directement et dans des conditions parfaitement opaques ».

La LFP a rétorqué que « les affirmations ou insinuations contenues dans ce courrier sont au demeurant d’une particulière gravité ». Et ajouté n’avoir « aucune forme d’accord avec quelque acteur que ce soit ». Pour la Ligue, la divulgation publique du courrier est une volonté « de porter atteinte au processus de commercialisation » des droits.

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Plus qu’une surprise, ce clash entre Canal+ et la LFP est l’énième épisode de tensions récurrentes : depuis deux ans, la filiale de Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, tente de faire prouver en justice que son lot de deux matchs, racheté 332 millions d’euros à BeIN Sports, est surévalué par rapport à celui d’Amazon (250 millions pour sept matchs, attribués après la défaillance du diffuseur espagnol Mediapro qui avait raflé la Ligue 1 en 2020). Sans succès jusqu’ici : six jours avant sa lettre, Canal+ a été débouté pour la cinquième fois.

Négocier de gré à gré

Si la chaîne cryptée avait, sans hésiter, investi 540 millions d’euros par an en 2016 pour les trois meilleures rencontres, elle clame désormais être « en déficit en France ». Pour Pierre Rondeau, économiste et enseignant à la Sports Management School, « Canal+ estime que les montants fixés par la Ligue sont trop élevés ». Par ailleurs, la chaîne payante a atténué sa dépendance à la Ligue 1 en proposant des matchs de Ligue des champions (récemment renouvelés jusqu’en 2028) et du championnat anglais, outre du rugby ou de la formule 1.

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