diciembre 4, 2024

« Prière de ne pas trop déranger ! »

« Prière de ne pas trop déranger ! »

On avait compris que l’accueil des Jeux olympiques (JO), à l’été 2024, constituait un moment « exceptionnel », qui à ce titre pouvait, selon les pouvoirs publics français, justifier la mise en œuvre de « mesures exceptionnelles », voire d’exception, comme l’ont montré les deux lois relatives aux JO, adoptées en 2018 et au printemps.

Question d’« intérêt supérieur », en quelque sorte. Parce qu’il s’agit, pour le pays qui organise l’événement, de s’assurer de pouvoir rayonner au plan mondial. Parce qu’il s’agit, aussi, de répondre à certaines des exigences de son promoteur, le Comité international olympique.

Mais entre mettre en place tout ce que l’on considère comme nécessaire pour faciliter la préparation et la bonne tenue des compétitions et chercher à réduire, et même écarter, tout ce qui pourrait venir troubler l’harmonie olympique, il peut y avoir un écart ténu. Le message « prière de ne pas trop déranger » n’est parfois pas très loin.

A-t-il été soufflé à la justice française ? Celle-ci, en tout cas, semble se montrer compréhensive si l’on en juge par les propos tenus par le procureur national financier. « Notre objectif est de permettre un déroulement serein d’une activité qui va être un événement planétaire, une fête universelle », a déclaré Jean-François Bohnert, le 13 septembre.

« Il ne nous appartient pas de déranger cet ordre-là », a-t-il ajouté, assurant que, si des enquêtes visant des cadres du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 (Cojop) sont en cours au sein du parquet national financier, il n’y aura pas de gardes à vue durant les Jeux.

« Favoritisme » et « prise illégale d’intérêts »

Faut-il voir là une « assurance tranquillité » pour les organisateurs des Jeux ? Les propos de M. Bohnert n’ont suscité que peu de réactions. La ministre des sports et des Jeux a cherché à en atténuer quelque peu la portée : « Il a parlé de diligence et d’anticipation et cela me semble deux mots importants pour la justice », a déclaré Amélie Oudéa-Castéra, interrogée par L’Equipe, lundi 18 septembre.

« Les perquisitions sont intervenues plus d’un an avant le démarrage des Jeux, avait souligné M. Bohnert. C’est bien le signe que nous prenons les choses très sérieusement sur le fond, mais en respectant aussi ce bel événement. » Il n’a toutefois pas précisé si les enquêtes aboutiront avant Paris 2024.

Dans l’histoire récente des JO, les affaires – il y en a eu régulièrement depuis 2002, pour les JO d’été comme pour les JO d’hiver – n’ont généralement débouché qu’après la tenue de l’événement. Pour l’édition 2021 à Tokyo, par exemple, si la justice française enquêtait sur certains aspects de la candidature japonaise depuis 2016, la justice nippone n’a instruit des faits supposés de corruption qu’à partir de l’été 2022, des condamnations étant survenues en avril et mai cette année.

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